Plonger!

À chaque année, à l'aube de mon anniversaire, j'ai toujours ce réflexe de d'abord remercier la vie pour tout, puis je regarde ensuite l'ensemble.

Comme une tapisserie que l'on exécute sur un métier à tisser, chaque fil, selon sa couleur, se place où il faut, jusqu'à la finalité. On rencontre des gens, on pose des actions, un fil à la fois, on avance dans le temps, au gré des saisons.

D'abord le calme de l'hiver. Lorsque j'étais enfant, il m'arrivait de me réveiller la nuit. Je me rendais alors à la fenêtre de la salle de bain, qui donnait sur la cour, et tout doucement, j'ouvrais cette dernière, légèrement, pour sentir l'air, mais surtout le silence qui régnait, comme si le son était absorbé par la neige. L'hiver, c'est le temps de se poser, de prendre soin de soi, de son intérieur. C'est relaxer dans le spa une nuit de pleine lune et de revivre ce souvenir, mais cette fois, le visage entièrement dans l'air, entourée du silence de ma cour.

Puis les rayons se font plus chaud, on se remet en action, vivement une longue marche à la Gabelle ou simplement jusqu'au bord de la rivière St-Maurice, par la rue des Berges. Le corps et l'esprit s'éveillent, les idées et les projets commencent à bourgeonner. C'est le printemps, la renaissance!

Les journées sont de plus en plus longues, on peut enfin prendre le temps de se déposer avant de savourer notre dernier repas du jour qui cuit sur le charbon. Vivement les soirées autour du feu, la foule et les festivals, les promenades en ponton. C'est le temps des vacances, le temps des amis, le temps de s'ouvrir sur le monde avec tous ces voyageurs que l'on croise, avec qui l'on échange le temps d'un verre et qui nous donne envie de l'aventure!

Puis un matin d'août, quelque chose bascula. Est-ce une nouvelle énergie dans l'air, qui, avec toute sa capacité à effectuer des transformations, s'est déposée sur moi? Parce que déjà, depuis l'hiver, suivi du printemps, entraînant avec lui ce mouvement de la rivière qui dégèle, de l'eau qui suit son cours, naissait le désir profond de m'épanouir, d'être authentique à moi-même, de m'écouter, de retrouver cette femme à l'envie grandissante de déployer ses ailes.

En septembre, j'ai plongé. Littéralement. J'ai eu le désir soudain de sauter en bungee! Comme un rite initiatique vers une transformation évidente. Du haut de la plateforme, je regardais devant, au loin, confiante que ce saut allait me propulser vers autre chose. J'étais calme, centrée sur cette idée que je possédais toute la force intérieure pour le faire. Quelle libération! Oui, quelque chose est restée en haut, pas mon cœur, mais plutôt la peur!

L'automne est ma saison favorite, j'aime l'odeur des feuilles mortes, le son qu'elles émettent sous mes pas qui les font craquer! Les couleurs sont tellement vives! J'ai l'impression que le vert est plus pétillant, le jaune plus éblouissant, le rouge tellement rayonnant! Cette illumination momentanée de la nature est un signe. Les feuilles se préparent à entrer dans une autre phase et juste avant, elles nous offrent toute la luminosité qui les habitent.

Mon plongeon dans le vide, vers l'inconnu, fut aussi un plongeon en moi, au cœur de ma nature profonde. Puis, suivant le cycle de mes saisons, j'ai dévoilé ma lumière, ma vraie couleur, celle qui appelle le changement, celle qui conduit à la liberté d'être soi, à l'authenticité.